Le gouvernement, protecteur des faibles?

Dans le cadre de ma série sur le rôle régulateur de l'état, je me demande maintenant si le gouvernement est le mieux placé pour protéger les faibles, les naïfs, ceux qui n'ont pas le savoir, l'éducation, ou la maîtrise nécessaire de la complexité de notre société.

On ne peut pas faire le bonheur de quelqu’un contre son gré. Or le gouvernement détient le monopole de la contrainte, de la coercition, de la force. Donc il est le moins bien placé pour faire le bonheur contre leur gré des faibles, des naïfs, de ceux qui n'ont pas le savoir, l'éducation, ou la maîtrise nécessaire de la complexité de notre société.

Pour donner une analogie, c’est exactement comme si je disais à une femme : « Voilà. J’ai bien réfléchi à ta situation. Et j’ai conclu que c’était mieux pour toi que tu m’épouses. Je ferai ton bonheur, même si tu es trop conne pour t’en rendre compte par toi-même. Donc je vais te forcer à me dire oui en face de monsieur le maire. Si tu refuses, je t’imposerais des amendes et/ou te jetterai en prison. »

Il est possible qu’effectivement cette pauvre fille bénéficie qu’on la convainque de m’épouser, mais ça ne peut en aucun cas venir de quelqu’un qui dispose de l’usage de la force et de la contrainte. De la part de quelqu’un qui a un bâton, tout argument devient une menace, et maintenir son désaccord devient un risque tangible.

On peut prévenir les gens qu’ils vont regretter leur décision, mais on ne peut pas les forcer. C’est exactement la politique étrangère de Ron Paul, le candidat à l’investiture républicaine pour la Maison Blanche. Il dit que, si on veut qu’une nation étrangère comme le Vietnam ou l’Irak devienne plus libre, on peut discuter ou faire du commerce avec elle, mais pas l’envahir.

Une bien meilleure source de protection pour les faibles est la concurrence. En effet, toutes les compagnies pharmaceutiques peuvent faire de la publicité pour leurs produits. Et pourtant les gogos ne vont pas acheter chaque produit vanté par la réclame. Il y aura concurrence entre les produits, et comme les consommateurs ont un budget limité à leur disposition, certains produits auront du succès et d’autres pas.

La distinction se fera-t-elle sur la qualité du spot de pub ? Même là, il y a concurrence entre les agences. Si une agence développe une nouvelle technique de marketing, les autres la copieront. A moyen terme, il faut bien supposer que l’efficacité d’une campagne publicitaire est proportionnelle à son budget, car le talent s’achète.

Donc quel produit sera gagnant ? Celui qui marche le mieux. C’est l’effet « bouche à oreille » : Madame Michu au 6ème étage a acheté des pilules Zorg et depuis je la vois monter et descendre les escaliers pour faire une promenade deux fois par jour, alors qu’avant elle sortait à peine trois fois par semaine pour faire ses courses. Même les consommateurs les plus idiots sont capables d’acheter des revues comme « Que choisir ? » ou « 50 millions de consommateurs » qui font des essais comparatifs. Ce sont d’ailleurs les plus consommateurs les plus avides qui sont les plus à même d’acheter de telles revues. Avec l’internet, il est difficile de croire que le produit le plus efficace ne s’adjugera pas la plus grosse part de marché. Les âmes charitables qui veulent voler au secours des simples d'esprit feraient mieux de fonder de telles revues ou de telles sites que de donner les pleins-pouvoirs aux gendarmes.

Ce n’est pas parfait, bien sûr, mais en moyenne, à long terme, la concurrence entre vendeurs protège les acheteurs. Dès qu’il y a concurrence, il est difficile de gagner des parts de marché en vendant du vent.

Là encore, l’exemple de Ron Paul est édifiant. Tous les candidats républicains dépensent leur budget à faire de la pub, et essaient de profiter de la puissance de l’internet. Mais ça ne marche que pour celui dont le message de liberté résonne avec l’américain de base. C’est le meilleur produit politique qui bat la concurrence à plate couture, même si la publicité est permise.

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